SÉBASTIEN DUTREUIL : GAÏA, UNE EXTENSION DES VIVANTS?

À l’occasion du jour de la Terre, l’historien et philosophe des sciences Sébastien Dutreuil revient sur l’origine de l’hypothèse Gaïa, une question qui – en apparence purement scientifique – vient bouleverser notre rapport au vivant.

Entretien enregistré le 16 avril 2021. En raison du contexte sanitaire, ce podcast a été enregistré à distance ce qui peut engendrer des petits bruits parasites.

 

Pour James Lovelock – l’ingénieur et chimiste britannique qui a théorisé l’hypothèse Gaïa aux côtés de la microbiologiste américaine Lynn Margulis – Gaïa représente « la vie  », «  la biosphère  », ou encore «  la somme totale des espèces » : « Désormais, le mot Gaïa sera utilisé pour décrire la biosphère et toutes les parties de la Terre avec lesquelles elle interagit activement pour former cette hypothétique nouvelle entité », écrivait-il en 1974. Sébastien Dutreuil revient sur l’originalité de ce concept, ainsi que sa réception au sein des sphères scientifiques et politiques :

« L’hypothèse Gaïa souligne l’importance de l’influence des vivants sur l’environnement, et l’idée que les vivants pourraient maintenir la Terre stable et habitable. »

« L’hypothèse Gaïa a proposé un nouvel objet à étudier qui a influencé les sciences du système Terre – cadre disciplinaire où le concept populaire d’anthropocène a émergé au début des années 2000. […] L’hypothèse Gaïa a également eu une réception importante au sein des différents courants de l’écologie politique. »

Gaïa interroge donc la sphère scientifique, renouvelle l’écologie politique et, surtout, vient brouiller les frontières nature / culture et bouleverser la conception malthusienne des ressources :

L’idée malthusienne des ressources, c’est considérer l’environnement physico-chimique comme un stock de ressources qui va s’épuiser à mesure que nous les consommons. Du coup, l’horizon inquiétant est celui d’un épuisement des ressources. […] Mais si l’on regarde l’idée contemporaine de limites planétaires héritée de Gaïa, aucune des 9 limites n’est un problème de stock qui s’épuise : c’est toujours un problème de flux et de variables sur lesquels les humains dans leur ensemble ont un excès d’influence.

Ressources

Sebastian Vincent Grevsmühl, La Terre vue d’en haut (Seuil, 2014).

Erik M. Conway et Naomi Oreskes, Les marchands de doutes (Pommier, 2014).

Bruno Latour, Face à Gaia (La Découverte, 2015).

Sébastien Dutreuil, John Tresch, Baptiste Morizot, Nastassja Martin, Vincianne Despret, Stéphane Van Damme, Déborah Bucchi, Patrice Maniglier, et sous la direction de Frédérique Aït-Touati et Emanuele Cocci, Le cri de Gaia (La Découverte, 2021).

L’équipe

Production, programmation : La REcyclerie

Interview & mise en ondes : Simon Beyrand.

Sound design : JFF.

Illustration : Belen Fernandez – Olelala.

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