Proposé par Socialter, ce débat – enregistré en public le lundi 5 mars 2019 à La REcyclerie (Paris) – invite à appréhender la collapsologie d’un point de vue constructif. En quoi les risques d’effondrement de notre société permettent-ils de repenser le système ? Dans un contexte de « crises convergentes », comment se réapproprier l’espace, le temps, et ainsi redéfinir notre rapport aux humains et aux non-humains ?
« Plus nous consommons, plus le PIB augmente, plus le système s’étend. » Pour Fabrice Flipo, l’effondrement nous oblige à décroître et à dépasser le mythe de la croissance verte. Il préconise des solutions low tech pour réduire drastiquement les coûts. Une vision décroissante partagée par Agnès Sinaï qui propose, quant à elle, de réhabiliter la notion des limites. Son idée : instaurer une monnaie carbone afin de « plafonner, chaque année, une allocation globale d’énergie fossile pour l’ensemble des ménages. »
Agnès Sinaï souligne également l’importance de se projeter « dans une vision du temps non-linéaire, contrairement à la vision linéaire de la modernité. » En adoptant cette posture, la collapsologie permet « de changer de perspective, d’aller au-delà des mesurettes politiques. » Parallèlement, Damien Deville voit dans la théorie de l’effondrement l’opportunité de dépasser la dualité entre nature et culture ; entre le non-humain et l’humain. Comment ? Par la création d’un « récit fédérateur » autour de la transition écologique. Ainsi, « la clé de la collapsologie n’est pas de penser l’effondrement sur lui-même, mais de nous forcer à œuvrer pour la résilience, aujourd’hui. »
1 Selon l’approche de l’ancien ministre de l’Environnement Yves Cochet, l’effondrement est un processus à l’issue duquel les besoins de base – eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité – ne sont plus fournis à une majorité de la population, par des services encadrés par la loi.
Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Seuil, 2015
Socialter hors-série n°5, Et si tout s’effondrait ?
Programmation : Les Filles sur le Pont.
Animation du débat, podcast, rédaction : Simon Beyrand.
Illustration : Belen Fernandez – Olelala.
Sound design : JFF.
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04/02/2019
Les arbres sont nos alliés en ce qu’ils tiennent une place majeure dans la régulation du climat et la durabilité de nos écosystèmes. Forêts, agroforesterie, arbres urbains, sylvothérapie… voilà autant d’occasions de porter un regard neuf sur ces grandes plantes qui ont beaucoup à nous apprendre.
Ce podcast – enregistré le lundi 17 décembre 2018 à La REcyclerie à Paris, en public – est l’occasion de contempler les arbres selon trois angles : nature, agriculture et culture. Extraits.
À l’heure des bouleversements climatiques, il est grand temps de prendre conscience des services indispensables que nous rendent les arbres et d’agir en conséquence.
Alain Canet : « Un arbre, c’est une machine à fabriquer du sol. […] La biodiversité, ça ne se protège pas, ça se produit. On devrait avoir deux fois plus de végétaux sur Terre. »
Marc-André Selosse : « Un arbre, c’est un hyper-compétiteur pour la lumière. C’est une espèce architecte qui structure les milieux. Il fait malgré tout preuve de coopération : il ne se développe pas sans des champignons qui colonisent ses racines. »
Stéphane Hallaire : « La forêt apporte aux humains un grand nombre de bénéfices : elle produit notre oxygène, stocke notre CO2, enrichit nos sols pour les cultures, filtre notre eau, retient les sols avec ses racines… »
En associant les arbres et les cultures, la technique ancestrale de l’agroforesterie crée un cercle vertueux : l’arbre nourrit le sol ; le sol nourrit l’humain.
Alain Canet : « L’agroforesterie, c’est juste du bon sens. Toutes les agricultures – bio incluse – ont des pertes de fertilité, à cause de sols qui sont trop travaillés, trop laissés nus. »
Marc-André Selosse : « En jouant sur la complémentarité entre les arbres et des cultures de plantes annuelles, on peut produire 1,5 fois plus de biomasse que si on n’avait que des arbres qui se font la guerre ou que des herbacées. »
Stéphane Hallaire : « [Au Sénégal], l’arbre agroforestier retient les sols, les enrichit, apporte de l’ombre, garde la fraîcheur et améliore le rendement des cultures. »
Depuis quelques décennies, nous observons un changement d’attitude extrêmement positif par rapport à l’arbre et aux forêts.
Alain Canet : « Il est avéré qu’une salle d’examen en bois donne de meilleurs résultats et que les enfants sont moins violents dans une cour de récré arborée. […] L’arbre, c’est la solution à tous nos problèmes. »
Marc-André Selosse : « On a transcendé la vision négative de la forêt comme zone de non-organisation. Maintenant, on est prêts à en faire un outil pour la ville et un outil pour l’aménagement productif, esthétique du territoire. »
Stéphane Hallaire : « La sylvothérapie a été démontrée scientifiquement. Rien que le fait d’aller en forêt fait baisser le niveau de stress et renforce les défenses immunitaires. Il y a un milliard de visites en forêt par an en France ; c’est cinq fois plus que le nombre d’entrées au cinéma ! »
Alain Canet, cofondateur de l’Association française d’agroforesterie et membre actif de Pour une Agriculture du Vivant ;
Stéphane Hallaire, président de Reforest’Action ;
Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et à l’université de Gdansk, président de la Société botanique de France.
Marc-André Selosse, Jamais seul, Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations, Actes Sud, 2017.
Peter Wohlleben, La Vie secrète des arbres, Les Arènes, 2017.
Henry David Thoreau, Walden, ou La Vie dans les bois, 1854.
Jean Giono, L’Homme qui plantait des arbres, 1953.
Programmation : Les Filles sur le Pont.
Animation du débat, montage son : Simon Beyrand.
Sound design : JFF.
Photographie : EvgeniT.
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04/02/2019
Force est de constater que nos représentants politiques n’apportent pas de réponses aux problèmes majeurs actuels que sont les inégalités sociales, la faim dans le monde, les bouleversements climatiques ou encore l’effondrement de la biodiversité. Il est donc temps de se retrousser les manches pour repenser notre rapport au politique et réinventer la démocratie… ensemble !
Ce podcast – enregistré le lundi 14 janvier 2019 à La REcyclerie à Paris, en public – est une invitation à repenser notre rapport au politique par l’intelligence collective. Extraits.
Vivons-nous aujourd’hui en démocratie en France ? Pas si sûr… Il faudrait pour ce faire sortir du pouvoir de conquête, de rivalité et de domination pour aller vers un pouvoir citoyen de création et de coopération.
Patrick Viveret : « Si l’on compare avec des régimes ou des gouvernements autoritaires ou carrément totalitaires dans l’histoire récente, la réponse est “oui, nous vivons en démocratie”. Mais si l’on regarde de façon plus précise, on voit bien que la forme démocratique qui est la nôtre est en voie d’épuisement. »
Pauline Boyer : « Le système politique actuel ne répond pas à l’enjeu du moment qui est pour notre société d’assurer sa pérennité et des conditions de vie dignes pour tout le monde. »
Alors que la pétition « L’Affaire du siècle » visant à assigner l’État en justice pour inaction climatique a enregistré 2 millions de signatures le 10 janvier 2019 (un record !), on observe partout dans le monde et dans l’Hexagone des expériences démocratiques riches d’enseignements.
Patrick Viveret : « Il faut lire les mouvements comme Nuit debout, les “gilets jaunes” et la ZAD de Notre-Dame-des-Landes dans la perspective des mouvements citoyens antérieurs. »
Pauline Boyer : « Le mouvement Nuit debout s’est certainement arrêté car il n’a pas réussi à avoir une stratégie globale pour arriver à renverser le gouvernement. »
Michel Sallé : « En Islande, il y a beaucoup de manifestations importantes, qui durent jusqu’à ce que l’on obtienne gain de cause. »
Comment faire pour que notre démocratie ne résume plus à mettre un bulletin dans l’urne tous les cinq ans ?
Patrick Viveret : « Il faut aller vers ce que des gens comme Pierre Rabhi appellent la sobriété heureuse, c’est-à-dire sortir de l’addiction à la richesse, à la consommation. »
Pauline Boyer : « C’est en s’engageant pour des causes qui nous dépassent que l’on touche à notre fonction citoyenne. […] Eux ont l’argent, nous, on a le nombre. »
Michel Sallé : « Le pouvoir a horreur du vide. Si on attend que les marchands d’armes fassent place nette pour nous exprimer, on va attendre longtemps. C’est à nous de prendre ça en charge. »
Pauline Boyer, militante, porte-parole du mouvement citoyen Alternatiba et d’ANV-COP21 ;
Michel Sallé, docteur en sciences politiques et spécialiste de l’Islande ;
Patrick Viveret, philosophe et essayiste altermondialiste.
La cause humaine, de Patrick Viveret.
Histoire de l’Islande, de Michel Sallé
Comment tout peut s’effondrer, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens.
Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armes, de Serge Popovic.
Programmation : Les Filles sur le Pont.
Animation du débat, montage son : Simon Beyrand.
Sound design : JFF.
Photographie : Urban Isthmus.
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