FAUT-IL ROMANTISER LE RETOUR A LA TERRE ?

Le 22 décembre 2021

Confinement oblige, 2020 et 2021 auront vu une nouvelle vague de néoruraux battre les campagnes. Pourtant, les vocations agricoles peinent à se concrétiser1 et, à l’image d’un Pierre Rabhi gourouisé, le récit du « retour à la terre » cherche encore ses fondations et ses nuances de vert.

Une conférence enregistrée le 29 novembre 2021 à La REcyclerie. Avec Catherine Rouvière, autrice de Retourner à la terre : L’utopie néorurale en Ardèche depuis les années 60 (Presses universitaires de Rennes, 2015), Édouard Bergeon, réalisateur d’Au nom de la terre (2019) et auteur de Cultivons Nous (Les Arènes, 2021), et Ophélie Damblé, agricultrice urbaine pour La Cité Fertile et vidéaste à l’origine de Ta Mère Nature.

Replacer la ruralité au cœur de nos grands récits

Comment replacer le monde paysan au cœur de nos grands récits, sans pour autant idéaliser les réalités des « culs terreux » ? En réponse à cette question, Ophélie Damblé utilise sa chaîne Youtube. L’idée ? Susciter des vocations et témoigner, avec humour, des difficultés du travail de la terre.

« Il ne faut pas romantiser le retour à la terre, mais inventer de nouveaux récits, remettre l’agriculture au centre de notre culture et la rendre cool. »

Une vision entièrement partagée par le réalisateur Édouard Bergeon :

« Il ne faut pas avoir une image trop romantique de la réalité. Après il y a plein de satisfactions, tous les jours. Il y a plein d’emmerdes, mais aussi plein de satisfactions. Pour moi, il s’agit d’un des plus beaux métiers du monde : le métier de nourrir le monde. »

Retourner à la terre : un idéal qui ne date pas d’hier

Le retour à la terre est un mouvement hétérogène qui a connu bien des vagues avant le Covid 19. Avec son regard historique, Catherine Rouvière nous emmène dans les pas des premiers néoruraux – des post-soixante-huitards dont l’expérience oscillait déjà entre idéalisation et réalités de terrain :

« Réfugiés dans les angles morts du territoire français afin de soustraire leurs vies à l’emprise de la société dominante, les néoruraux [de la première vague] éprouvent le besoin de s’enraciner dans leur nouvel espace et de se projeter dans un avenir, situé à la fois en rupture et en continuité avec celui porté par le discours fataliste et résigné des autochtones. Ils y répondent en se forgeant une représentation idéalisée du monde paysan, associée à un rêve de symbiose dont la confrontation avec la réalité leur impose le plus souvent de faire leur deuil », écrit-elle dans son ouvrage.

Note

1 En France, le nombre d’agriculteurs a été divisé par 4 en 40 ans, si bien qu’ils ne représentaient plus que 1,5 % de l’emploi total du pays en 2019, selon l’Insee.

Pour aller plus loin

Christian Huyghe, Sophie Danlos, Sodeh Hamzehlouyan, Une agriculture sans pesticides est-elle rentable (Radio REcyclerie, 2020)

Alain Canet, Stéphane Hallaire, Marc-André Selosse, Le rôle des arbres dans nos écosystèmes (Radio REcyclerie, 2019)

L’équipe

Production & programmation : La REcyclerie.

Animation du débat & mise en ondes : Simon Beyrand.

Illustration : Belen Fernandez – Olelala.

Sound design : JFF.

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