ÉCOLOGIE : L’HEURE DE LA RADICALITÉ ?

18/11/2019

Radicale est la situation d’effondrement écologique en cours. Par conséquent, les mouvements écologistes doivent-ils gagner en radicalité dans leurs idées, leurs actions ?

radicalité

Retour sur ce débat sur la radicalité, enregistré en public le 12 novembre 2019 à La REcyclerie, à Paris. Avec Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et présidente de Génération Ecologie, Christophe Bonneuil, historien, co-auteur de L’événement Anthropocène (Seuil, 2013) et membre de la revue terrestre.org, et Lucas, membre d’Extinction Rebellion (XR).

Le mot radical nous vient du latin radicalis, un dérivé de radix (« la racine »). Être radical en écologie, c’est donc s’attaquer « à la racine, aux causes des problèmes », affirme Lucas d’XR. Un point de vue partagée par Delphine Batho. Selon elle : « la question n’est pas celle d’une écologie plus dure – ou plus rapide – par rapport à une écologie molle – ou lente. […] Le propos est d’avoir une vision systémique qui intègre la primauté de l’enjeu écologique sur tous les autres. »

L’Anthropocène comme alternative aux idées de la modernité

L’écologie est en premier lieu une lutte des idées, des mots. D’où l’importance des travaux de Christophe Bonneuil sur l’Anthropocène 1. « Ce qui nous arrive n’est pas une crise environnementale, c’est une révolution géologique d’origine humaine » écrit-il avec Jean-Baptiste Fressoz dans leur ouvrage. Mais bien au-delà du constat scientifique, le concept d’Anthropocène permet « de réfuter l’idée de la modernité ; idée que nous allions devenir libre en faisant table rase de toutes les contraintes de la nature. »

Quels sont alors les mots à bannir pour prendre les problèmes à la racine dans l’ère de l’Anthropocène ? Crise écologique, croissance verte, développement durable, mais aussi transition, répond Delphine Batho. Car cette dernière notion « a été récupérée pour faire croire que l’écologie serait une question de long terme. »

Le collectif pour provoquer un changement radical

Pour définir les bonnes stratégies d’action, Christophe Bonneuil revient d’abord sur les échecs du passé. Car pourtant bien établi au début des années soixante-dix, le mouvement écologiste s’est fait neutraliser, notamment par « la délégitimation par les institutions », par « les contre-stratégies des élites économiques », ou encore par l’idée que « les pics de pétroles allaient limiter les dégâts du changement climatique. » À cela, Delphine Batho ajoute une cause majeure : « le macho-marxisme ».

Lucas a vite rejoint XR après sa prépa HEC. Il poursuit : « le système capitaliste nous éduque à regarder par notre prisme individualiste, par notre action individuelle. Mais pour effectuer ce changement radical de société, il nous faut aller vers du collectif. » L’occasion pour lui d’insister sur la désobéissance civile non-violente, grande stratégie d’XR – mouvement qui apporte un nouveau souffle militant par ses moyens d’actions directs et son analyse, radicale.

Note

1 Nouvelle ère géologique d’origine humaine qui marquerait la sortie de l’holocène.

Pour aller plus loin

Delphine Batho, Écologie intégrale, le manifeste (Éditions du Rocher, 2019)

Grégoire Chamayou, La Société ingouvernable (La fabrique, 2018)

On s’est plantés… Une vidéo de Partager C’est Sympa

L’équipe

Programmation : Les Filles sur le Pont.

Animation débat, podcast, rédaction : Simon Beyrand.

Sound design : JFF.

Photographie : Manifestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 22 février 2018 à Nantes. © Philippe Leroyer

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