VERS UNE SOCIÉTÉ LOW-TECH

16/05/2019

À contre-courant des « solutions » technologiques, le low-tech démystifie la croissance verte et offre des pratiques sobres en énergie, favorisant la simplicité, l’activité locale, le travail manuel. L’émergence d’une société joyeuse, en somme.

Société low-tech

Un débat enregistré le 13 mai 2019 à La REcyclerie, organisé par le Low-Tech Lab et le magazine Socialter pour la sortie du hors-série L’avenir sera low-tech. Avec Philippe Bihouix, ingénieur et auteur, Antoine Delaunay Belleville, cofondateur de Disco Soupe et Community Developer chez makesense, et Alexandre Monnin, philosophe, président de l’association Adrastia.

Basse technologie, grande vision de société ?

Marion Olekhnovitch, animatrice de la soirée, lance les débats par ce court texte d’anticipation :

« Nous sommes le 13 mai 2050. Nous vivons dans une société low-tech. Nous avons réduit drastiquement notre usage de la voiture au profit du vélo. Nous savourons à pleine bouche des produits d’une agriculture de qualité, régénératrice du sol et respectueuse du vivant. Nous ne vivons plus dans l’éternelle accélération ; nous avons retrouvé le goût de la lenteur et du silence. Nous consommons moins et mieux, des produits fabriqués par des entreprises à taille humaine, encrées dans le tissu local et articulées avec des réseaux de récupération, de réparation, de revente et de partage des objets du quotidien. Aucun secteur n’échappe à la démarche low-tech. Nous avons même réussi à diviser par cent l’impact écologique d’Internet. Et à l’école, on apprend autrement, et d’autres choses. »

Un futur souhaitable immédiatement enrichit par les interventions du public : « Nous avons détruit le capitalisme et aboli le salariat » ; « Nous partageons le travail nécessaire et avons le temps de nous construire nous-mêmes » ; « Nous répartissons mieux les richesses » ; « Nous sommes passés du acheter-jeter au louer-réparer. »

Construire un écosystème favorable au low-tech

En réaction à cet exercice prospectif initial, Antoine Delaunay Belleville insiste sur l’importance de propager un nouvel imaginaire low-tech. Selon lui, « les citoyens doivent réinventer ce qui est désirable », car opter pour des toilettes sèches et vivre en habitat léger peut, encore aujourd’hui, entraîner une perte de prestige social. Mais au-delà des récits collectifs, « il y a tout un écosystème à construire et une réglementation étatique qui doit suivre. »

Ce dernier point est largement partagé par Philippe Bihouix : « Face au rouleau compresseur impressionnant [du système actuel], l’engagement citoyen, bien qu’indispensable, ne suffira pas [pour freiner la fuite en avant technologique]. À cet enthousiasme individuel et collectif, il faut donc ajouter le rôle de la puissance publique, à toutes les échelles. » Pour changer la donne, l’auteur de L’Âge des low-tech invite à développer des innovations économiques et politiques, plutôt que de s’illusionner d’innovations technologiques.

Parallèlement, Alexandre Monnin propose de placer la philosophie low-tech au cœur des organisations, afin « d’éviter que le low-tech devienne un simple secteur de marché à côté des autres secteurs existants – de même qu’il y a du bio dans les supermarchés à côté de la bouffe normale […] C’est toute la finalité des organisations qui doit être repensée. »

Pour aller plus loin

Philippe Bihouix, L’âge des low-tech, Seuil, 2014.

Placebo, Life’s What You Make It.

Réécouter notre podcast Tous créateurs de biens communs avec l’économie coopérative.

L’équipe

Programmation : Les Filles sur le Pont.

Animation du débat : Marion Olekhnovitch.

Montage son, rédaction : Simon Beyrand.

Sound design : JFF.

Photographie : repair-cafe.ch.

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